Qui sont les maîtres du diocèse ?

29 septembre 2018

Vous êtes- vous posé une seule fois la question ? Vous allez répondre, que c’est l’évêque. Vous vous trompez. Comme ses prêtres, il a sa dalmatique de diacre collée au corps. C’est un serviteur. Creusez un peu. Non, vous ne voyez pas… Le Christ ? Certes, mais restons au niveau le plus primaire, celui des ressources. Qui nourrit ? Qui paie ? Ah, vous n’y aviez pas pensé…

Le diocèse est dans la main de ses donateurs. Ce sont eux les maîtres. Si demain ils se détournent de leurs prêtres et de leurs lieux de culte, alors oui … «  la messe est dite  ». Ne souriez pas, ce n’est pas une fiction. Les diocèses au bord de la faillite savent qui étaient les maîtres des bons jours et trop d’entre eux ne sont plus là, ou bien rangés dans leurs cimetières.

Les donateurs d’aujourd’hui ignorent-ils qu’ils sont les maîtres  ? Au fond d’eux, certainement pas  ; ils savent que leurs dons réguliers et leurs legs pèsent d’une manière décisive pour que les paroisses vivent au quotidien et au-delà de leur propre vie terrestre. Ils ont collectivement la maîtrise nourricière, quasi parentale des institutions. Cela doit être entendu avec gravité, quand ça va bien et aussi quand ça va moins bien. Notre diocèse, comme les autres, est une institution mendiante. Un mendiant ne peut pas être le maître.

Cette observation n’appauvrit en rien le rapport d’autorité des clercs, parce qu’il est construit sur la compétence et, si vous voulez bien l’admettre, sur la grâce qu’ils reçoivent dans leur spiritualité. Le don des chrétiens n’est pas une dette, et encore moins un paiement. C’est un lien parental, maternel, paternel, fraternel… comme vous le sentez. Il a sa place dans une vision affective du destin de baptisés.

Regardez nos églises d’avant le XXe siècle et nos cathédrales. Elles ne nous appartiennent plus et nous avons des milliards de raisons de nous en consoler. D’autres maîtres y pourvoient. Certes, ils ne le sont pas devenus par amour.

Les grandes abbayes bénédictines*, dans le respect de la Règle, répétaient que tout ce qui se trouvait acquis ou offert n’appartenait pas à l’abbaye, mais à Dieu et que rien de Dieu ne pouvait être vendu ou traité avec négligence. C’était plus une affirmation spirituelle qu’une habileté qui interdisait de spéculer. Nos biens et ceux de l’Église ne sont pas vraiment les nôtres.
Nous ne donnons en fin de compte que ce que nous avons reçu

Bloc-Notes, octobre 2018